Il est bien lointaine l’époque où le ministre de la Justice et garde des sceaux, Alexis Thambwe Mwamba, déclarait le plus solennellement et officiellement du monde que Moïse Katumbi ne détenait pas la nationalité congolaise. Nous sommes en 2018, à l’approche de l’élection présidentielle à laquelle l’ancien gouverneur de l’ex-province du Katanga voulait se présenter. Cinq ans plus tard, de l’eau a coulé sous les ponts et, devenu opposant, l’ancien président du sénat tient une toute autre version.
Jeune Afrique et RFI imposent décidément le tempo à la classe politique congolaise.
C’est le magazine panafricain qui, affirmant avoir contacté l’administration de la mairie de San Vito, avait révélé que le nom de Moïse Katumbi apparaît dans le registre de cette municipalité italienne avec la date de naissance identique à celle qui figure sur tous les documents officiels du président du TP Mazembe, soit le 28 décembre 1964.
Cette mairie avait rétabli la vérité, en précisant, à travers un droit de réponse que:
« … _dans les actes d'état civil de la mairie, il résulte ce qui suit:- Moïse Katumbi d'Agnano a acquis la nationalité italienne le 13/10/2000, a perdu la nationalité italienne le 13/01/2017 »._
Sur les antennes de RFI, le tout puissant ministre congolais de la Justice de l’époque avait consacré Moïse Katumbi étranger.
Alexis Thambwe Mwamba avait déclaré notamment ce qui suit:
_«Moïse Katumbi a un problème sérieux qui lui interdit d’être candidat à la présidentielle. Il a la nationalité italienne selon les éléments en possession de l’administration congolaise (…) la constitution de la RDC est claire en son article 10. Quand on détient une autre nationalité on perd la nationalité congolaise qui est exclusive »._
Thambwe Mwamba se ravise
Cinq années et demi se sont écoulées depuis et les puissants sont devenu de faibles en République démocratique du Congo. Mais Moïse Katumbi lui, est toujours hanté par le problème de sa nationalité et caresse toujours le rêve de devenir président de la République.
Contrairement en 2018 où il n’a pas pû se présenter à la présidentielle, le président de Ensemble pour la République a déposé sa candidature. Celle-ci a même été déclarée recevable, à l’instar des 23 autres, par la Commission électorale nationale indépendante (CENI).
Mais le plus dur est à venir pour Katumbi car, sa candidature est visée par une procédure d’invalidation devant la Cour constitutionnelle par deux congolais dont un autre candidat, le controversé Noël Tshiani. Ce dernier a soulevé de nouveau l’épineuse question de la nationalité de l’opposant.
C’est dans ce contexte que Thambwe Mwamba est venu au secours de celui qu’il avait politiquement poignardé en 2018:
« _Je voudrais dénoncer l'hypocrisie nationale sur cette question de la nationalité congolaise. Je n'avais pas de preuves qu'il était italien, j'ai eu des dénonciations. Par la suite, Moïse Katumbi a pris un avocat célèbre, Dupont Moretti, ministre français de la justice, qui a fait parvenir des documents en disant que la commune de résidence ne reconnaissait pas la nationalité italienne et pour moi c'est une page tournée»,_ a-t-il déclaré ce jeudi 26 octobre 2023.
Alexis Thambwe Mwamba dit avoir octroyé au président d’Ensemble pour la République, « dans le respect des normes », un certificat de nationalité qui « n’a jamais été annulé ».
L’ancien président du sénat s’est même fait le plaisir de prodiguer un conseil à ceux qu’il suspecte de vouloir écarter la candidature de celui qui était la bête noire du régime Kabila dont il est était un faucon :
« Il faut éviter d’embraser le pays en sériant ceux qui veulent se présenter », prévient-il.
Ce genre de discours était tenu en 2018. Mais au finish, il y a eu ce qu’il y a eu.
Jean Pérou Kabouira
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